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Le problème du corps et de l'esprit

%[insister sur la confusion mécanisme/matérialisme-faible, cf %Searle, même Wang] Il n'est pas facile d'énoncer de but en blanc le problème du corps et de l'espritgif. Il y a autant d'énonciations possibles qu'il y a de systèmes philosophiques. Il n'est pas non plus nécessaire d'étudier en détail ces énonciations puisque le présent travail consiste en grande partie en la dérivation d'une nouvelle formulation de ce problème dans le cadre computationnaliste. Essentiellement, résoudre le problème du corps et de l'esprit (PCE) consiste à rendre compte de l'écart entre ce qui est désigné par le corps, ou la matière, ou l'objet ou d'une façon générale tout ce qui est communicable à la troisième personne, d'une part et, d'autre part l'esprit, l'âme, le soi, le vécu, la subjectivité ou d'une façon générale ce que la première personne, appelée aussi le sujet, est capable de ressentir de façon privée. Est-il seulement possible d'aborder objectivement la nature de la subjectivité ? Cet espoir n'est-il pas à la base contradictoire ? On doit reconnaître, avec [Nagel, 1994], que la science a d'autant plus progressé qu'elle a mis le sujet à l'écart. On peut dire sans crainte d'exagérer, que la science, ou les scientifiques, ne s'intéressent qu'aux propositions communicables à la troisième personne, et donc vérifiables par la troisième personne. On ne s'étonne pas alors que certains ``scientifiques" sont tentés d'écarter le problème du corps et de l'esprit en le jugeant comme étant a priori non scientifique. Cette attitude repose cependant sur une confusion de niveaux ou de catégories. En effet, rien a priori n'interdit, moyennant définitions et hypothèses comme toujours en sciences, d'isoler un discours communicable à (et donc vérifiable par) la troisième personne, discours portant précisément sur les discours de la première personne. Et c'est bien ce que tente de faire la psychologie cognitive, notamment les psychologues fonctionnalistes, mais aussi à leur façon les neurophysiologues. Le succès de cette entreprise reviendrait à ``naturaliser l'intention" (Pacherie, 1993) ou encore, à résoudre ce qu'il est convenu d'appeler, en philosophie de l'esprit, le problème restreint du corps et de l'esprit (the weak mind-body problem). On disposerait d'une théorie, c'est-à-dire un discours communicable à la troisième personne (je dirai simplement: un discours 3-communicable), discours permettant d'expliquer à partir de l'état d'un cerveau (généralisé) les discours et les comportements de la première personne. Malheureusement un tel succès évacuerait apparemment ce qu'on appelle ``the strong mind-body problem". Je dirai : le problème profond du corps et de l'esprit. Le problème profond concerne la relation entre le cerveau (généralisé) et l'expérience phénoménale de la conscience elle-même, et non pas la relation entre le cerveau et les discours, portant éventuellement en apparence sur cette expérience phénoménale). Regardons cette évacuation de plus près :


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Bruno Marchal
Thu Apr 1 00:14:24 CEST 1999