Next: L'argument du graphe filmé
Up: L'argument du déployeur universel
Previous: Une phénoménologie de la
Nous savons déjà que cette phénoménologie
existe nécessairement (avec
l'hypothèse computationnelle) et nous savons
déjà
à quoi elle ressemble : une relation de sélection
définie par une mesure sur les
états appartenant au déploiement universel.
Il est possible cependant de détailler davantage les aspects
qualitatifs de la phénoménologie.
- La relation de sélection est conditionnelle, la
mesure est définie sur des états relatifs. Par
exemple dans l'expérience du lâcher de la craie à
Bruxelles la mesure est définie sur des paires
où représente l'état à la
première personne d'un continuateur computationnel le plus proche,
et représente l'état de la troisième personne à
Bruxelles.
- On a alors une correspondance entre chaque état
computationnel possible et l'ensemble de ses continuateurs les plus
proches (ou plutôt leurs reconstitutions virtuelles apparaissant
dans le déploiement). On peut démontrer que de tels
domaines de reconstitution universels relatifs sont toujours
infinis. Cela peut sembler évident car on sait que le
déployeur atteint tous les états accessibles une
infinité de fois. Ce n'est pas évident car on peut
montrer que du point de vue d'une première personne le
digitalisme entraîne qu'il ne peut exister qu'un nombre fini
de continuateurs le plus proche.
- En itérant les expériences d'automultiplication, on peut
justifier l'indéterminisme mécaniste par des
sondages sur la population résultante. Il est clair
cependant que cet indéterminisme est purement de la
première personne. Dans le cas où le domaine de
reconstitution est fini, on peut argumenter en faveur de
l'existence d'une distribution uniforme de probabilités
sur le domaine. Il est impossible de justifier les
probabilités par l'approche usant de la notion de pari.
On peut cependant retrouver des justifications probabilistes
par paris en multipliant, non plus des individus, mais des
populations d'individus et en étudiant les sondages
portant sur les sondages au sein de chaque population
reconstituée. Cela permet d'introduire une curieuse
``personne" située à mi-chemin entre la première
et la troisième personne, et que l'on peut
raisonnablement considéré comme la première
personne du pluriel. Au sein de chaque population
reconstituée, l'indéterminisme mécaniste est
communicable à la troisième personne:
l'indéterminisme mécaniste est communicable à la
première personne du pluriel. Ceci permet, à
partir d'une solution au problème du corps et de l'esprit, de
résoudre le problème de ``l'autre esprit" et cela
protège a priori l'idéalisme objectif du computationnalisme
de l'idéalisme subjectif du solipsisme.
- En exploitant le point précédent, et le fait
que le déployeur universel génère des populations
virtuelles issues de calcul très long à partir de
programmes relativement courts, on peut montrer que la
normalité des états (d'esprits virtuels) relatifs est
partiellement justifiée par l'existence de ``petits"
programmes générant une infinité non
dénombrable d'histoires infinies. De telles histoires produisent des
objets computationnels relativement profonds (au sens de [Bennett, 1988],
voir aussi
[Delahaye, 1994]). L'hypothèse mécaniste accompagnée de
la thèse de Church entraîne l'existence d'une topologie non
triviale sur cette collection d'histoires. Je mentionne dès à
présent la ressemblance intuitive entre cette notion de
normalité profonde qui émerge ici, et la notion de ``quantum-depth"
proposée par Deutsch pour capturer une notion épistémologique de
connaissance en mécanique quantique [Deutsch, 1985].
- Nous avons utilisé abondamment les notions
d'état computationnel du point de vue de la première
personne et du point de vue de la troisième personne.
Pour arriver à la formulation précise
(arithmétique) des phénoménologies de l'esprit et
de la matière, et donc pour isoler la topologie sur les
histoires computationnelles, il faudra arriver
à définir de façon purement impersonnelle, c'est-à-dire
à la troisième personne, la notion de
première personne. La logique de
l'autoréférence, connue aussi sous le nom de
logique de la prouvabilité suggère une voie pour
procéder à une telle
désindexicalisation de la première personne
[Smoryński, 1985, Boolos, 1979, Boolos, 1993].
Comme il s'agit du chemin que
j'ai choisi pour chercher à isoler la formulation précise du
problème du corps et de l'esprit promise par le
computationnalisme, j'énoncerai dans la dernière
section les résultats partiels obtenus. L'idée est
d'étudier les discours stables des machines
autoréférentiellement correctes. Les grandes catégories
issues de la philosophie de l'esprit, y compris l'esprit et la
matière, vont apparaître comme des variations
sur les modalités de l'autoréférence.
Nous verrons alors comment la logique de la prouvabilité et
ses variantes
Théétètiques donnent des outils pour
isoler la topologie et/ou la mesure des histoires infinies.
Next: L'argument du graphe filmé
Up: L'argument du déployeur universel
Previous: Une phénoménologie de la
Bruno Marchal
Thu Apr 1 00:14:24 CEST 1999