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Il a lieu de comparer brièvement ici notre
approche avec les TOE (Theory Of Everything, théorie de tout)
proposées par certains physiciens.
Les TOE reposent sur l'idée,
forcément spéculative, de l'existence d'une unification des
lois de la physique, ainsi que sur l'idée philosophique selon
laquelle il existe un univers concret dont le statut
ontologique est indépendant de nos observations (HU).
Nous avons démontré qu'un tel univers, avec le
computationnalisme, ne peut expliquer ni l'origine de nos
sensations à la première personne, ni surtout l'origine de nos
observations et de nos mesures communicables à la
troisième personne.
Avec le mécanisme, une unification des lois de la
physique devrait être justifiée sur base de la mesure
définie sur les histoires computationnelles.
Même sans le
mécanisme, on serait en droit de poser aux physiciens, en
supposant qu'ils aient unifiés les lois de la physique:
``pourquoi ces
équations-là ? Pourquoi de telles conditions initiadoit devenir fondamentale.
Le miracle est que la thèse de Church et la non-trivialité de
l'autoréférence des machines ``abstraites" rend cette
approche, non réductionniste par nécessaire incomplétude,
possible. L'autre miracle est la ressemblance entre les
phénoménologies du mécanisme et les
phénoménologies de la mécanique quantique sans
réduction de l'onde (voir annexe C).
Martin Gardner exprime son scepticisme à l'égard de
l'idée qu'il puisse y avoir une théorie de tout, dans
son article sur la théorie des supercordes. Cette théorie est
considérée comme une candidate à une théorie de tout
par des physiciens. Il dit :
There is, of course, no way a scientist can answer the
superultimate question of why, as Stephen Hawking recently put
it, the universe bothers to exist. [Gardner, 1996]
Mais il n'y a aucun moyen pour un scientifique de prouver
l'existence de l'univers, et avec l'hypothèse du
computationnalisme, un scientifique peut répondre
Sir(e), je n'ai pas besoin de cette hypothèse.
On ne prétend pas ici avoir une explication de l'existence de
l'apparence de l'univers, on prétend avoir
seulement démontré, avec les arguments du déployeur
universel (et donc avec la thèse de Church) et du graphe
filmé, que si on accepte l'hypothèse du mécanisme on
doit rendre compte de cette apparence de toute façon. Quant aux
similarités entre la phénoménologie
mécaniste de la matière et le monde quantique, elles
constituent (seulement) un début de confirmation inductive du
computationnalisme, et de l'importance des modalités de
l'autoréférence (cf. aussi [Dalla Chiara, 1977a]).
En fait, indépendamment de toute considération sur la nature de
la science fondamentale, il est souvent tenu pour ``évident" qu'il
est impossible de savoir pourquoi nous existons. Cette
évidence repose sur le sentiment qu'une explication doit reposer
sur des prémisses reposant elles-mêmes sur une explication, et ainsi
de suite. On réalise cependant que pour concevoir et juger
définitive cette impossibilité, il est nécessaire de
concevoir la litanie des nombres naturels: le ``ainsi de suite".
Cependant, avec le computationnalisme, ce qui est
nécessaire pour concevoir cette litanie, est suffisant pour
comprendre pourquoi il est nécessaire pour les machines abstraites
et consistantes, autoréférentiellement correctes
relativement à leur type d'environnement
computationnel ``le plus proche" d'en venir à se poser
elles-mêmes des questions sur leur nature et la nature de leurs
environnements, et d'en venir, parfois, à produire des inférences
correctes.
La portée du computationnalisme est d'autant plus grande
qu'on sait depuis les résultats d'incomplétudes, et
l'écroulement qui s'en suivi du logicisme, qu'il n'est pas possible
d'axiomatiser l'arithmétique ou l'informatique de façon
finie ou réductionniste. Le computationnalisme permet et
oblige d'extraire une phénoménologie de l'esprit et une
phénoménologie de la matière de l'arithmétique,
mais laisse nécessairement intact le mystère de nos croyances
en la vérité arithmétique, justifiant partiellement,
de ``l'intérieur", le caractère injustifiable de son ontologie.
Voilà pourquoi, avec la thèse de Church, et la confirmation
quantique du mécanisme, l'arithmétique intuitive, alias la
théorie des nombres et ses variantes intensionnelles, pourrait bien
être la plus simple et la plus riche ``théorie de tout" qu'on puisse
avoir à notre disposition.
Il ne s'agit pas ici de proposer une panacée universelle. Il
s'agit au contraire de comprendre que le computationnalisme force
un renversement de point de vue, qui rend plus large encore notre
ignorance relative, et qui rend plus vaste l'espace de nos horizons
accessibles. En toute matière, sans jeu de mots, l'acte de foi du
philosophe mécaniste lui donne plus de raisons d'espérer et plus de
raisons de craindre.
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Bruno Marchal
Thu Apr 1 00:14:24 CEST 1999